récit d’une journaliste burundaise en exil

 
Erlyse Ngabire, la journaliste en exil, a captivé les jeunes élèves. © J. CH.

Des élèves attentifs et curieux et leur professeur de français ont accueilli une journaliste du Burundi en exil, Elyse Ngabire, dans leur salle de classe....

Des élèves attentifs et curieux et leur professeur de français ont accueilli une journaliste du Burundi en exil, Elyse Ngabire, dans leur salle de classe. C'est une militante optimiste, combative et résolue qui est venue répondre aux questions de trois classes de seconde professionnelle (aéronautique et chaudronnerie) du Lycée Jean-Taris de Peyrehorade, dans le cadre d'un projet scolaire intitulé Renvoyé spécial, avec le soutien du Centre de liaison de l'enseignement et des médias d'information (Clemi) et de la Maison des journalistes (MDJ) (lire ci-contre).

Les élèves avaient élaboré un questionnaire pendant les cours. Elyse Ngabire a d'abord fait un long exposé sur la situation politique au Burundi, en parallèle avec sa propre histoire comme journaliste à l'hebdomadaire « Iwacu », avec lequel elle continue de collaborer depuis son exil.

La fuite pour un article

Elle a raconté aux élèves la succession d'événements qui l'ont amenée à fuir et à trouver refuge en France. Depuis le début des années 2000, le pouvoir burundais a fait alterner des périodes de liberté d'expression et d'autres de répression pour les médias de ce pays, avec fermetures de radios et arrestations de journalistes, comme en 2015. En août 2015, le président Pierre Nkurunziza a entamé son troisième mandat et a prêté serment en promettant une amélioration du dialogue avec les médias. L'article de la journaliste d' « Iwacu », qui avait pris au mot ces promesses, a déplu profondément au pouvoir en place. Poursuivie par la police, elle a dû fuir à Paris où elle est arrivée en septembre 2015 et s'est réfugiée à la MDJ. Pour elle, le problème va au-delà des idéologies ou des ethnies, mais réside surtout dans l'acharnement du président actuel à rester en place à tout prix.

« 600 tués depuis 2015 »

Un élève lui demande quel message elle veut faire passer. Erlyse Ngabire précise alors que « depuis mai 2015, pas moins de 600 tués sont à déplorer. Il y a des massacres, des assassinats chaque jour, uniquement pour conserver le pouvoir d'un seul individu. Il faut que le sang versé s'arrête et que les journalistes burundais rentrent et travaillent pour le peuple. »

Les réponses qu'elle donne aux questions posées montrent sa détermination et la force de son engagement. Ainsi, quand on lui demande si elle ne regrette pas, Erlyse Ngabire affirme qu'elle a préféré l'exil plutôt que de se taire. L'hebdomadaire « Iwacu », libre et indépendant, n'est pas interdit car, selon la journaliste, n'étant lu que par une élite très minoritaire, il ne serait pas trop gênant.

Les jeunes interlocuteurs ont été étonnés et sans doute quelque peu décontenancés par cette confrontation en direct avec une telle réalité. Avec leur professeur, ils ont trouvé là matière à discuter sur la liberté d'expression, l'engagement et les rencontres politiques.